Cette petite vidéo fait partie d'une série de podcasts d'Arte radio: "Vivons heureux avant la fin du monde" (c'est le numéro 12). Je la poste ici pour la raison évidente que... bah, c'est exactement mon sujet de ce jour!
...Ou non! En fait, disons plutôt : ce n'est JUSTEMENT PAS le sujet! Yé m'essplique : un rapide sondage auprès de mes 3 filles révèle que plus de la moitié d'entre elles ne souhaite pas avoir d'enfants (l'autre moitié ne se prononçant pas) en raison d'un avenir écologique plus qu'incertain.
De ça je tire deux informations primordiales : 1. je ne serai donc pas grand-père à 45 ans (ouf!) et 2. pas besoin de ses parents pour flipper déjà, très tôt, d'un effondrement du monde : le fait est que, chez wam, on n'en a justement pas tellement parlé!
Les profs, les copains, le bruit de fond médiatique et les réseaux sociaux en général se chargent donc bien, à eux tous seuls, de bourrer le mou de nos chérubins, de façon assez systématique. Et c'est sans doute assez vrai pour nous aussi, les vieux bambins. La différence, c'est qu'en principe à l'âge adulte, nous sommes censés avoir les armes pour traiter toute cette logorrhée d'info...
Pourquoi avoir évité de parler à mes filles d'une catastrophe écologique et/ou d'un effondrement du monde à plus ou moins long terme? Plusieurs réponses possibles :
Petits ou grands, on ne peut être confrontés qu'à des problèmes auxquels on sait apporter une réponse, c'est même la base de l'éducation, quand on y pense. Perso, si j'avais une façon de dégripper un tapis océanique, ça ne m'angoisserait pas tant, par exemple. Mais là, comme ça, ni Mathieu ni moi n'avons la moindre idée à ce sujet! Quand il s'agit de choisir de ne pas jeter son mégot par terre, en revanche, c'est déjà très différent! En fumant des roulées sans filtres, je fanfaronnais devant les salops de fumeurs de clopes américaines!
Tout ça est tristement logique et, quand on propose aux gens de se projeter dans un avenir où ils auront la dalle, on ne peut pas s'attendre à mille façons de réagir : La première, dont on peut légitimement soupçonner Mathieu, c'est de se dire que c'est foutu! Du coup, en ne faisant pas beaucoup plus ni moins, on finira par tous crever et puis merde! Tant pis! On pourra toujours se suicider si on n'a pas eu la chance d'attraper la grippe du poulet qu'on ne manquera pas d'avoir entre temps...
la seconde façon de réagir, serait plutôt sur le mode Mad Max ou La route : tout le monde contre tous! Et si c'est pas moi qui te bouffe, ce sera l'inverse alors, tu comprendras bien que... le radeau de la Méduse, en plein dedans : après avoir suivi comme des cons les ordres d'un capitaine particulièrement demeuré, ce sont bien les éminences grises qui ont organisé cannibalisme et autre sacrifices à leur profit sur le pauvre radeau qu'ils s'étaient fabriqués. S'il y avait pourtant une leçon à tirer de cet évènement, ce serait de bouffer D'ABORD les abrutis qui ont conduit tout le monde dans le mur. Mais non. Petits peuples du monde, jamais ne pensez à mal et toujours vous ferez bouffer!
La traduction de ça, c'est le survivalisme à l'américaine, les bunkers souterrains, le "darwinisme social" (traduire : il y a des humains forts et d'autres faibles...). C'est s'entraîner à survivre en bouffant n'importe-quoi ou se rationner de conserves en attendant que ça se passe, c'est apprendre à économiser son urine pour humidifier sa tête quand on est perdu dans le désert... C'est essayer de survivre dans l'espace, qui nous donnera les technologies de la frugalité et, pourquoi pas, permettra à quelques-uns de prolonger l'espèce sur une autre planète...
Inviter les gens à penser à un très grand danger, leur faire peur, sans proposer de solutions, ça ressemble à un flim d'horreur sans happy end. On reste sur sa faim. Et pardon, mais je ne suis pas comestible.
L'autre façon de réagir, sur le mode "la peur n'empêche pas le danger", c'est celle des collapsologues, ces individus qui (les salauds!) s'octroient du temps pour envisager des solutions viables pour le plus grand nombre. Je ne parle évidemment pas des plans soi-disant de realpolitik de notre gouvernement, non! Je parle de la société qui se PASSE de gouvernement! La véritable anarchie politique, l'autogestion de communautés de bonne taille. La coopération et l'organisation collective autour de règles qui excluent la compétition de la loi du plus fort et l'obsession capitaliste de posséder plus, qui est un moteur bien trop polluant de l'évolution humaine...
... je m'emballe, là.
Je crois que chacun aura compris quelle est ma préférence en la matière. J'adhère à l'idée qu'on peut effectivement privilégier la technologie du pragmatisme : réellement passer au monde d'après, que tellement ont entre-aperçu avec la pandémie de Covid et puis... Oh! Non, en fait!
Alors bien sûr tout le monde il n'est pas beau, tout le monde il n'est pas gentil, et tout le monde n'aura pas lu le mode d'emploi de "L'effondrement (et après) expliqué à nos enfants et à nos parents" par Pablo Servigne et Gauthier Chapelle. Et puis d'ailleurs rien ne dit que ces deux bricoleurs-là ont raison... M'enfin si j'aime beaucoup me faire peur, en regardant des flims dystopiques plus ou moins drôle, quand il s'agit d'une réalité plus ou moins lointaine, je préfère m'organiser concrètement et me préparer à cultiver mon jardin avec l'aide de ceux qui n'auront pas plus le choix... et ça, c'est une rudement bonne manière de montrer l'exemple à ses enfants, et ça vaut bien tous les discours, non?
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